Mais qui est-il ?
Plusieurs centaines de personnes viennent le voir quand il passe. Certains le comparent à un tsunami, il est la cause de beaucoup de nos maux, il nous émeut un peu plus à chaque fois lorsqu’il passe, le remous qu’il provoque met la vase en suspension, c’est sale, c’est boueux, il contribue à l’érosion des berges mais malgré tout c’est une star !
Le mascaret, mot occitan passé au français, est un phénomène de brusque surélévation de l’eau d’un fleuve ou d’un estuaire provoquée par l’onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit dans l’embouchure et le cours inférieur de certains fleuves lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. Les mascarets les plus spectaculaires s’observent aux embouchures du Qiantang (Chine), de la Severn (Angleterre) et de l’Amazone (au Brésil).
Ce phénomène se caractérise par une vague, plus ou moins haute, qui remonte le cours du fleuve et dont la puissance varie en fonction de la hauteur de la marée, du débit du fleuve à ce moment et de la topographie (profondeur et largeur du lit, bancs de sables, méandres, déclivité etc.).
L’aménagement du fleuve peut le faire s’atténuer ou disparaitre comme pour la Seine. C’est une vague, déferlante ou non, remontant le cours d’eau, s’accentuant généralement lorsque son lit se resserre.
Par de jolis mots
Mascaret, l’onde lunaire
Extrait de « Mascaret, l’onde lunaire », Antony colas, Ed.Yep
Aegir, baan, barre, benak, bono, bore, flot, guanchao, pororoca ou refoul : autant d’appellations pour désigner le mascaret, cette palpitation de la grande horlogerie qu’est la marée, qui se manifeste çà et là dans une petite vingtaine de pays.
Et parmi les 78 rivières concernées par ce phénomène, encore mal compris de la communauté scientifique, la France, avec ses nombreux estuaires et ses formidables amplitudes de marées, s’affiche comme un haut-lieu de ce spectacle naturel des plus prévisibles. Contrairement à l’éclair qu’on voit avant de l’entendre, le mascaret peut-être audible avant d’être vu.
Le mascaret est l’histoire inouïe d’une vague, qui peut remonter les fleuves peu profonds pendant plusieurs heures, résultante rare et fragile entre le calme du courant descendant et le tumulte de la marée montante. Naguère, la Seine subissait une barre colossale, qui provoquait naufrages et noyades.
En Gironde et en Baie du Mont St-Michel, il propulse une sympathique onde déferlante, qui peut attirer des centaines de glisseurs de tout poil et des milliers de spectateurs. Et par de-là nos frontières, c’est un tour du monde qui passe par notre voisin britannique, par les hautes latitudes du Canada et de l’Alaska, par l’Himalaya fluvial qu’est le bassin de l’Amazone et enfin par les jaillissements terrifiants et inattendus de l’Asie.